• Etude de cas : Affaire Outreau

    • 2e crise politique étudiée : L'Affaire d'Outreau.

     

    Tout commence en décembre 2000, les enfant de Thierry et Myriam Delay placés depuis quelques temps en familles d'accueils disent aux assistantes sociales subir des violences de certaines personnes. Les services sociaux sont alors prévenus et en janvier 2001 un « signalement » est fait à Boulogne sur Mer, ce qui déclenche le début d'une enquête policière puis judiciaire. Lors de la garde à vue, la maman avoue en partie les faits et durant le mois de novembre, plusieurs personnes sont interrogées. En 2001, le tribunal de Boulogne sur Mer ne compte que trois juges d'instruction dont Fabrice Burgaud qui occupe son premier poste depuis un an.

    Le couple Delay

    Le procès démarre le 22 février 2001 et dès lors les mises en examen commencent. Dix sept personnes sont accusées et directement mises en détention, ce qui provoque le placement de 24 enfants mineurs en familles d'accueils. Toutes les propositions de remise en liberté et de voir leur enfants sont refusées.

    A partir de novembre 2001, la France entière découvre par les biais des médias cette affaire qui la choque. Devant le nombre d'accusés et d'enfants, le juge Burgaud pense immédiatement à un réseau de pédophilie. (Cette affaire rappelle l'affaire Dutroux qui pour un réseau de pédophile aussi vient de marquer la Belgique.) Malgré des fouilles, le procureur ne possède que des témoignages ou des aveux obtenus lors des interrogatoires. Les accusés demandent à être confronter aux 4 adultes accusateurs et aux enfants, mais leurs demandes sont rejetées. Le juge Burgaud demande des enquêtes expertises biologiques, psychologiques et sociologiques pour les enfants afin d'être sur de leurs témoignages. Celles-ci n'étaient pas toutes en accord avec le juge Burgaud. Au lieu de rendre une ordonnance de non lieu celui-ci décide de renvoyer les accusés devant une juridiction compétente. L'instruction d'Outreau est close en septembre 2002.

    A partir du 4 mai 2004, le procès siège aux cours d'assises du Pas de Calais, parmi les dix sept accusés, six seulement comparaissent libres. Le 18 mai 2004, Myriam Delay avoue avoir menti et innocente treize de ses co-accusés. Le dossier s’effondre alors. Le juge Burgaud interrogé ne reconnaît aucune erreurs. Huit accusés détenus sont alors remis en liberté. Le 2 Juillet 2004, la cour d'assise prononce dix condamnations et sept acquittements, deux condamnés qui se disent innocents retournent en prison. Les dix condamnés font appel et le 10 Mai 2005, le deuxième procès s'ouvre.

    Après un documentaire sur France 5, remettant en cause la crédibilité de Myriam Delay, la présidente de la cour demande un supplément d'informations et renvoie le procès. Quelques jours plus tard, Myriam Delay, à la barre, disculpe les six accusés. La cour d'assises de Paris acquitte tous les accusés le 1er Décembre et l’État prononce ses plus profondes excuses.

    Les victimes

    L'affaire d'Outreau aboutit à quatre condamnations définitives et à treize acquittements. Sur les dix sept enfants considérés comme victimes, seuls les quatre fils du couple Delay sont reconnus comme tels.

     

    On voit donc ici que pendant plus de 4 ans, près de 150 erreurs se sont produites au niveau du système policier et judiciaire. Mais la question la plus intéressante à poser est quel a été le rôle des médias pendant cette longue affaire ? Qu'est-ce qu'une affaire médiatique ? Les médias ont-ils tenus un rôle dans ces 150 erreurs ?

     ⇒ La responsabilité des médias dans le dérapage de l’affaire d’Outreau semble avérée. A bien y regarder, ils ont pourtant traité l’affaire comme la plupart des faits divers, avec tout ce que cela signifie comme dépendance à l’égard des sources judiciaires. Sans doute un climat d’attente à l’égard des questions de pédophilie a-t-il contribué à lever les garde-fous professionnels. La référence au respect du secret n’est pas tenable face au poids de la rumeur dès l’origine. Les contre-enquêtes difficiles sur ce sujet n’ont pas eu d’écho jusqu’au procès de Saint-Omer. En dénonçant, au final, le fiasco judiciaire, les médias ont-ils tenté de se dédouaner ou de réparer ? 

     

     


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